La place des femmes dans la main d’œuvre agricole wallonne
18 avril 2022
Évolution globale de l’agriculture wallonne[1] (1990 à 2019)
Depuis les années ’90, le nombre d’exploitations[2] agricoles à diminué de moitié, celui-ci s’élevant à 12.733 en 2019. Cette évolution semble stable depuis 2015.
En termes de superficie moyenne, la taille des exploitations à quant à elle doublé sur cette même période et le besoin en main d’œuvre pour gérer 100ha a été divisé par deux.
Le revenu du travail en agriculture était de 21.132€ par unité de travail, soit 44% du revenu comparable (correspondant au salaire brut moyen des travailleurs non agricoles belges, 13ème mois et pécule de vacances compris) …
Le type de main d’œuvre : Évolution de 1990 à 2016
Les chiffres détaillés dans ce paragraphe sont principalement issus de la fiche « Type de main d’œuvre [3]» de « l’Etat de l’Agriculture wallonne ». Ils concernent la main d’œuvre agricole des exploitations détenues en « personne physique », c’est-à-dire 88% des exploitations wallonnes en 2016 (contre 98% en 1990). Si l’exploitant est une personne morale, il n’y a pas de main-d’œuvre familiale. Toute la main-d’œuvre agricole de l’exploitation est considérée comme de la main-d’œuvre non familiale.
En 2016, 94% de la main d’œuvre régulière totale était issue de la famille. Les exploitants eux-mêmes représentent 59% du total, les conjoints aidants 19% et les autres membres de la famille 16% du total.
Entre 1990 et 2016, la main d’œuvre régulière familiale à considérablement diminué en termes d’effectifs (diminution de 59% au total) … Cette diminution est encore plus marquée pour la part de main d’œuvre féminine puisqu’elle atteint 65%...
Figure 1 : Répartition de la main d’œuvre féminine agricole en 2016
En 2016, les femmes représentent 30% de la main d’œuvre agricole régulière en Wallonie, soit 5766 personnes (Figure 1) : 52% le sont à titre de conjointes et 30% comme exploitantes/ « cheffes d’exploitation ». Le statut de conjointe aidante reste donc majoritaire, même si ce statut est en recul depuis 30 ans puisqu’en 1990 62% des femmes actives en agriculture l’était à titre de conjointes. Par ailleurs, la majorité d’entre elles, peu importe leur statut (exploitante ou conjointe) ont un régime de travail à temps partiel (65% de l’effectif féminin en 2016). La moitié de la main d’œuvre masculine reste, quant à elle, engagée à temps plein.
Si on s’intéresse à la pyramide des âges des chef.fe.s d’exploitation (Figure 2) et à l’âge moyen de la prise en fonction/installation (Figure 3), on remarque quelques différences entre les femmes et les hommes[4].
Premièrement, l’âge moyen des femmes chefs d’exploitation en 2016 est plus élevé que celui de leurs homologues masculins : 58,3 ans pour les femmes et 53,4 ans pour les hommes.
Deuxièmement, au moment de l’installation, les femmes chefs d’exploitation sont aussi plus âgées (données 2020). 50% des femmes sont installées avant l’âge de 40 ans ; tandis que pour les hommes, la moitié d’entre eux le sont avant 30 ans. Ceci peut vraisemblablement s’expliquer de par le fait que les femmes ont d’autres expériences professionnelles hors cadre agricole avant de revenir sur une exploitation ou de s’installer.
Ce graphique (Figure 3) montre également un pic de l’installation pour les hommes chefs d’exploitation vers 24 ans, tandis que pour les femmes on distingue une légère augmentation vers 33 ans pour l’âge de la prise en fonction.
Figure 2 : Pyramide des âges de chefs d'exploitation en 2016
Figure 3 : Âge de la prise en fonction, selon le sexe, des chef.fe.s d'exploitation en fonction ou installée en 2020
Si l’on compare maintenant la taille des exploitations gérées par une cheffe ou un chef d’exploitation, en moyenne les agricultrices exploitent des superficies inférieures de 32% à celle exploitées par les agriculteurs (respectivement 39,3 ha contre 58 ha).
Au niveau du pourcentage de terres en propriété (Figure 4), les femmes sont propriétaires d’une part plus importante de leurs terres quelques soit la dimension de leur exploitation.
Figure 4 : Pourcentage de terres en propriété selon la taille de l'exploitation et le sexe de l'exploitant en 2016
Au niveau de l’orientation des activités des exploitations selon le genre (Figures 5 et 6), un plus grand nombre de femmes sont cheffes d’exploitation spécialisées en grandes cultures ou bovins viandeux, rassemblant respectivement 30,4 % et 27,8 % du nombre total de femmes cheffes d’exploitation en 2016.
Figure 5 : Evolution du nombre de femmes cheffes d'exploitation selon l'orientation technico-économique (OTE) entre 1990 et 2016 Figure 6 : Pourcentage des cheffes d'exploitation par OTE en 2016
Ces différents graphiques (2016) permettent de constater un certain nombre de disparités entre les genres en termes de statut, régime de travail, âge de la population active en agriculture, âge de l’installation et superficie d’exploitation ; et cela nous en dit un peu plus sur la place des femmes dans les exploitations agricoles wallonnes.
« Bien que les besoins des agricultrices évoluent, nous pensons que les mouvements féminins doivent continuer d’exister car il ne faut jamais prendre pour acquis les avancées que nous avons obtenues et qui de mieux placées que les agricultrices pour défendre les droits des agricultrices ? »
