Pour leur journée d’étude provinciale du 5 novembre dernier, les agricultrices de la Province de Liège se sont réunies autour du thème de l’alimentation et plus particulièrement pour mieux comprendre l’impact sur notre santé de la consommation de produits ultra-transformés.

Grâce à l’intervention de Madame Nathalie Verschueren, Nutrithérapeute, les participants ont pu faire le plein d’informations sur le lien étroit entre régime alimentaire et santé.

« Que ton aliment soit ton médicament » (Hippocrate)

Madame Verschueren débuta son intervention par expliquer ce en quoi consiste la nutrithérapie : c’est littéralement le fait de soigner en adoptant une alimentation équilibrée adaptée à ses besoins, c’est donc la discipline qui parle au corps son propre langage afin d’optimiser la santé, prévenir les maladies et améliorer les inconvénients des pathologies déjà installées.

Encore plus précisément, c’est une discipline spécialisée qui vise à comprendre les processus biologiques (biochimie, génétique, immunologie…)  du corps humain et en quoi les carences ou excès  alimentaires peuvent avoir un impact sur l’être et le devenir de notre santé.  Le but de la nutrithérapie est de maintenir une santé optimale, en privilégiant, stimulant ou restaurant les fonctions physiologiques. Trois axes de conseils en nutrithérapie : alimentation, hygiène de vie et compléments alimentaires (si nécessaire).

Nutrition et santé… un constat alarmant

Il n’est pas toujours évident de s’y retrouver dans toutes les informations et désinformations liée à l’alimentation… De ce fait, il est utile de rappeler aux consommateurs la différence entre les produits ultra-transformés et les produits fermiers de base.

Un produit ultra-transformé est le résultat d’un fractionnement excessif des aliments naturels et d’une combinaison d’ingrédients à l’infini, que bien souvent on ne comprend pas… Madame Verschueren a également souligné que c’est l’ignorance du consommateur qui le mène à faire de mauvais choix : le niveau d’éducation nutritionnelle de la population est tellement faible qu’elle n’est même pas consciente du fait que ce qu’elle avale est mauvais pour la santé… Ces aliments véhiculent généralement de fausses promesses via un marketing bien rodé : packaging attractif et arguments de vente.

L’augmentation des maladies chroniques, comme l’obésité, le diabète, le cancer, les maladies cardiovasculaires et respiratoire chroniques, est liée à notre mode de vie : excès d’alcool, tabac, stress, déséquilibres alimentaires (« junk » food, trop de sucre, trop peu d’eau…), manque d’activités physiques ; mais pas seulement… La consommation de produits ultra-transformés est aussi désignée comme coupable !

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous avons connu une transition nutritionnelle plutôt « négative ». En 70 ans nous sommes passés d’une alimentation traditionnelle riche en aliments peu raffinés et peu transformés mais aussi monotone à une alimentation plus diversifiée mais riche en aliments d’origine animale, en aliments très caloriques, transformés, raffinés, recombinés, enrichis en sucres, sel et matières grasses et souvent pauvres en composés protecteurs. Selon une Chronique de l’ONU (juillet 2016), les maladies chroniques seront, en 2030, responsables de 70% des décès et de 56% des maladies dans le monde…

 

  • L’obésité un véritable fléau

En 40 ans, les cas d’obésité chez l’enfant et l’adolescent (5 à 19 ans) ont été multipliés par dix. Dans le monde, en 1975, on comptait 11 millions d’obèses (soit moins de 1%). En 2016, on dénombrait 124 millions d’obèses (soit 10% de la population mondiale), en ajoutant à ce chiffre 213 millions de personnes considérées en surpoids.

Selon les projections de l’OCDE (2017), l’obésité et le surpoids dans le monde toucheront plus d’un adulte sur 2 et près d’un enfant sur 6…

  • Explosion du diabète

Le nombre d’adultes souffrant de diabète a explosé dans le monde en 37 ans, passant de 108 millions en 1980 à 451 millions en 2017 (sources OMS et IDF), 1 personne sur 11 étant concernée… En 2017, on dénombrait 5 millions de décès liés au diabète ou par les maladies liées au diabète parmi les 20-99 ans. L’OMS prévoit qu’en 2030, le diabète sera la 7ème cause de décès dans le monde.

  • Alimentation et cancers

En Belgique, on diagnostique 180 nouveaux cas de cancer par jour, soit 68 000 par an (chiffres 2016 – Fondation Registre du Cancer). 5 à 10% des cancers sont génétiques, le reste étant lié à l’environnement (90 à 95%). De ces 90-95%, 30 à 35 % sont directement liés à l’alimentation.

Notre challenge de demain : vivre plus longtemps et de préférence en bonne santé !

Et si notre état de santé était programmé avant la naissance ? Mme Verschueren le souligne : les périodes avant la grossesse (pré-conception, incluant la mère et le père), in utero et dans la petite enfance sont des périodes critiques de plasticité épigénétique, c’est-à-dire de modifications de l’expression de nos gènes par l’environnement et donc par notre régime alimentaire !

Cette équation est logique et simple : « nous sommes ce que nous mangeons ». Les aliments que nous consommons sont la seule source d’énergie de notre corps, mais nous mangeons toujours ce dont nous avons envie et rarement ce dont nous avons besoin !

Nous sommes donc tous concernés, mais il est aussi difficile de changer ses habitudes (éducation, culture, méconnaissance…). D’autant que la manipulation des industriels en ce qui concerne l’alimentation est partout avec diverses publicités mensongères, et les médias ne sont pas en reste : information/désinformation, buzz, « un jour c’est mauvais et l’autre ce n’est pas si mauvais »…

Notre intervenante insiste : «  STOP aux mensonges ! »

Mais est-ce qu’on a tout foiré, est-ce que surveiller son alimentation est une cause perdue ?

La réponse de Nathalie Verschueren : « on ne peut pas tout contrôler dans sa vie mais on peut contrôler ce que l’on choisit de mettre dans son assiette ! Choisissons nos producteurs locaux, favorisons les circuits courts, découvrons les produits fermiers de notre région, cuisinons des produits frais toute l’année et au rythme de saison, rémunérons correctement les producteurs ».

Prendre notre destin en main c’est faire le bon choix !

Des études montrent très clairement que les diabétiques qui reviennent à une alimentation traditionnelle riche en produits végétaux voient leur diabète diminuer et même parfois « disparaître ». Mais il est plus simple pour un diabétique de prendre son comprimé de metformine et de continuer à consommer des produits ultra-transformés que de révolutionner sa façon de manger.

Manger sainement c’est manger vrai, c’est manger de la vraie nourriture, des aliments naturels, peu transformés !

Les raisons qui conduisent à l’augmentation des maladies chroniques et à l’hyper-industrialisation de l’alimentation sont l’augmentation de la sédentarité (qui tue plus que le tabac), le manque d’éducation nutritionnelle dans le cursus scolaire (des gardiennes à l’université) et le réductionnisme qui est le fait de fractionner en particules infimes, par opposition à l’holisme qui considère l’aliment comme un tout. Ce fractionnement, aussi appelé « cracking », fait partie du procédé de fabrication des produits ultra-transformés.

Mme Verschueren l’affirme : « Les produits ultra-transformés sont un vrai danger pour notre santé ! ».

Les produits dont la liste d’ingrédients, aux noms trop compliqués, est interminable ne peuvent être naturels ! Ces types de produits comportent généralement des additifs alimentaires, qui sont des substances que l'on ajoute à un aliment pour en modifier le goût, la texture, la durée de conservation ou toute autre propriété. Ces additifs se classifient principalement en trois catégories : naturels, artificiels et synthétiques. Tous ces additifs se divisent en plusieurs familles, chacune d'entre elles répondant à une fonction spécifique :

  • Les colorants, qui modifient la couleur des aliments ;
  • Les rehausseurs de goût, qui améliorent la saveur de la nourriture ;
  • Les antioxydants, qui empêchent les aliments de s'oxyder (fruits et légumes coupés et préemballés qui ne brunissent pas…) ;
  • Les édulcorants : aspartame, stevia, saccharine et tous les autres « faux sucres » ;
  • Les conservateurs, qui permettent aux aliments de rester comestibles et beaux plus longtemps ;
  • Les agents de textures, qui transforment les aliments, comme des épaississants, de la gélatine, des émulsifiants, etc.

Dans notre alimentation régulière, le top 3 des produits ultra-transformés consommés est constitué des produits sucrés (barres chocolatées, pâtes à tartiner…), boissons sucrées (sodas, boissons aromatisées…) et les féculents/céréales du petit déjeuner (pains industriels emballés…).

Il s’agit donc de privilégier une alimentation hypotoxique, avec des modes de cuisson douce (l’index glycémique étant différent en fonction de la cuisson), incluant des aliments/produits dont la liste d’ingrédients est « facile à lire »  et qui inclut des ingrédients qu’il est possible d’ajouter en cuisinant.

Nathalie Verschueren conclut son intervention : « manger sainement ça veut dire quoi ? ». Et bien cela veut dire : manger plus de légumes (sources principales d’antioxydants, « en variant les couleurs »), équilibrer son assiette avec une moitié de légumes, un quart de viande et un peu de féculents.

Trois règles de base, il est important de :

  • Mastiquer, mâcher lentement ;
  • Manger « en pleine conscience », notre cerveau doit réaliser ce qu’il mange ;
  • S’arrêter de manger dès que l’on a plus faim.

 

La tendance est au changement mais il faut continuer à s’informer et à informer, les consommateurs et les producteurs ont un rôle à jouer, agissons en consomm’acteurs !

 

Deux livres à conseiller :

  • Halte aux produits ultra transformés ! Mangeons vrai, par le Dr Anthony Fardet ;
  • Vous êtes fous d’avaler ça ! de Christophe Brusset.

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